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 Hewlett Packard

Hewlett Packard ou tout simplement HP, a été l'un des grands innovateurs parmi les constructeurs de calculatrices. Le caractère élitiste et la qualité permise par les prix pratiqués a valu à HP un cortège restreint mais actif de fanatiques.

Les origines

C'est en partant de sa vocation première de constructeur d'appareils de mesure que HP s'est trouvé construire des systèmes electroniques de plus en plus complexes, rendant possible en 1969 la fabrication de certaines parmi les premières machines à calculer scientifiques programmables : HP9100, HP9810... Ces machines, de table, sortent de notre champ d'intérêt.

C'est sur cette base cependant, que HP travailla pour produire en 1972 la première machine à calculer de poche scientifique : la HP35. Cette machine est une miniaturisation jusqu'alors inconnue des possibilités des modèles de table scientifiques (les calculatrices 4 opérations sont antérieures). Elle utilise la méthode de calcul RPN avec laquelle on entre les opérateurs de calcul après les valeurs et non entre elles. Cette méthode restera utilisée sur tous les modèles jusqu'au milieu des années 90.

La HP35 innove dans bien des domaines, dont par exemple l'affichage scientifique (avec exposants +/-99), et une touche "arc" qui préfixe les touches trigonométriques et préfigure les Shift, 2nde et autres Alpha.

Sa première création se vendant beaucoup mieux que prévu, la société conçoit un autre produit cette fois-ci à destination des financiers, la HP80, qui offre le classique calcul de TVM au lieu des fonctions scientifiques.

En 1973, la HP45 sort et elle étend les possibilités scientifiques, en se rapprochant déjà beaucoup des machines HP contemporaines : touche jaune de seconde fonction, disposition déjà classique des touches. Elle présente ancore quelques caractéristiques archaiques, comme par exemple ses facteurs de conversion d'unités. En effet, chaque fonction de conversion ne fait que renvoyer le facteur sur la pile, par lequel il suffit alors de multiplier ou diviser. L'idée est brillante, mais l'évolution ne suivra pas cette voie.

Cette machine lance aussi une sympathique tradition en disposant de fonctions cachées, à savoir un chronomètre.

Programmable !

La HP65 est lancée en 1974 et au prix d'une petite voiture, il s'agit encore d'une innovation assez étonnante. La machine est programmable (ce n'est pas la première), dispose de 5 touches de fonction programmables, et surtout d'un lecteur-enregistreur de cartes magnétiques, à l'époque seul moyen de conserver ses programmes.

HP représente alors le haut de gamme absolu, sans concurrence dans le domaine des machines de poche, et justement les poches de son public sont profondes.

Evolutions

Au début de 1975 on entre dans une nouvelle époque, où les calculatrices représentent un vrai marché avec sa concurrence, des prix, des clients divers, et un volume qui est moins confidentiel. On n'a pas fini de se faire plaisir, mais il faut définir une gamme.

A cet effet, une série de machines moins onéreuses que la stratosphérique HP65 est créée, comprenant les HP21, HP22 et HP25. Seule la HP25 est programmable, et c'est un modèle intéressant, doté de 49 pas de programmes, très compact, et disposant de toutes les fonctions souhaitables.

Les concurrents répliquent et parmi eux TI avec sa SR52, qui représente une menace sur le haut de gamme, chasse gardée de HP. La riposte, en 1976, est le duo HP67 et HP97. Ces deux machines sont des héritières directes de la HP65, mais l'évolution technologique permet de leur attribuer des caractéristiques plus évoluées à un prix plus raisonnable : 224 pas de programmes (au lieu de 100), possibilité d'écrire sur cartes les registres numériques, etc.

La technologie continue d'avancer, et pour le bas de gamme l'absence de média de sauvegarde magnétique peut enfin être compensée en rendant la mémoire "permanente" ou "constante". Le contenu de la mémoire n'est plus perdu à l'extinction de la machine. En fait le composant mémoire reste alimenté, mais sa consommation est devenue minime grâce à la technologie CMOS ou ses prédécesseurs. C'est la HP25C qui est la première à bénéficier de cette fonctionnalité.

En 1977 arrive la HP29C, qui est le point culminant de la série 20 : mémoire permanente, presque plus puissante que la HP67 même, c'est une superbe machine. Mais l'histoire est en marche et une page va se tourner.

Une nouvelle génération

Toujours poussé par l'exigence de diffuser ses produits à un public toujours plus large, HP crée une nouvelle génération de modèles, économiques et simples, avec lesquels d'ailleurs sont utilisées de nouvelles techniques d'assemblage.

Nous sommes en 1978 et les premiers représentants de la nouvelle série 30 sont les HP33E, HP38E et HP32E. Seule la HP33E est une scientifique programmable, et HP prévient déjà que ces trois machines n'ont pas la mémoire permanente en ajoutant le suffixe "E".

Cette lettre figure peut-être le E de "économique", car la nouvelle machine n'est pas affolante. Pas d'avancées par rapport à la HP25, sauf une taille la rendant un peu plus facile à manier, et les fonctions et la programmation ne déclenchent pas l'enthousiasme. Ces machines se sont cependant très bien vendues, et leur cote en occasion est comparativement basse.

Il manque quelquechose et l'année suivante, sortent les HP33C et surtout la HP34C. Nous passerons sur la première, qui n'apporte rien d'intéressant à part la mémoire permanente. Au contraire, la HP34C est une superbe machine. Son espace programmable de 210 pas est partagé de façon dynamique avec les mémoires, c'est à dire que ce la place non utilisée par les programmes est disponible pour stocker les données. Cette idée n'est pas neuve, TI l'a eue bien avant, mais l'intérêt est ici que la répartition est dynamique : la machine fait constamment le mieux possible !

Autre innovation de taille, la fonction gamma est présente, mais surtout la machine contient deux applications capables respectivement de calculer les intégrales et de trouver les racines d'une équation. Comme la "fonction" à intégrer ou résoudre consiste en une suite d'instructions programmées librement par l'utilisateur, on peut traiter des fonctions définies par morceaux, récursives, ou toute autre bizarrerie (certes si on a le temps parfois...).

C'est là encore le point culminant d'une époque. Mais le triomphe est de courte durée, car la technologie vient de faire un grand bond en avant.

La HP41

En fin 1979, ou début 1980 pour nous autres européens, débarque la HP41C.

Il s'agit d'une révolution pour deux raisons : l'affichage est alphanumérique, et il est possible d'ajouter des extensions en les enfichant à l'arrière de la machine.

L'affichage de lettres, basé sur un ensemble de 14 segments (au lieu des habituels 7) à l'air bizarre, permet enfin des messages alphabétiques et la lecture facile des programmes.

Les possibilités d'extension décuplent l'intérêt de la machine, car il suffit d'ajouter un accessoire pour remplir un nouveau rôle : extension mémoire, lecteur de cartes, imprimante... C'est aussi un coup marketing génial car chacun des composants reste déjà coûteux mais l'utilisateur a l'impression de pouvoir s'offrir la configuration de son choix de façon progressive, "douce". Le coût catalogue de certains ensembles dépasse alors les 10 000F !

HP distille les nouveaux périphériques pour maintenir l'intérêt et l'on en voit apparaître de toutes sortes : lecteur de code barre, lecteur de cassettes digital, connexion TV, horloge, table traçante, disquettes...

Il n'existe pas de gamme 40, car la machine de base peut se métamorphoser par le jeu des modules et extensions. Malgré tout, la HP41CV sort, modèle identique à la 41C mais à la mémoire interne quintuplée.

Plus tard sortira la HP41CX,ultime extension de la gamme, avec un mini-éditeur de texte qui pousse la machine à son maximum (voire un petit peu trop loin).

C'est l'apogée d'une seule machine polyvalente. Mais au moment même de sa naissance s'est déjà incarnée la menace, avec dès 1980 la sortie du PC1211 de Sharp, programmable en Basic.

 

Pendant ce temps, en 1981 HP décèle une demande de modèles économiques pour prendre le relais de sa vieillissante série 30. La nouvelle gamme devra profiter des affichages LCD économiques pour fournir à peu près la même chose. Arrivent alors les HP11C et HP12C.

La HP11C succède à la HP33C, avec un petit ensemble de fonctions et une mémoire programme modeste de 49 pas. Sympathique, c'est un modèle de base. HP croit même pouvoir introduire un peu plus tard un modèle encore plus modeste, la HP10C, mais il ne se vend pas tellement le 11C est déjà une machine peu impressionnante.

Comme d'habitude, un modèle de haut de gamme est finalement lancé, et c'est le HP15C (1982). Cette machine succède à la HP34C, reprenant tous ses points forts. Mais deux autres caraactéristiques étonnantes s'ajoutent : le calcul sur nombres complexes, et surtout le calcul matriciel !! Pour cette dernière application, la mémoire reste limitée, mais ce modèle est très impressionnant.

Le Basic chez HP

Face à la montée des machines programmables en Basic, tellement faciles à programmer et finalement performantes, HP réagit et lance en 1982 le HP75C. C'est une machine dérivée de ses modèles de table (HP85, HP87), au point d'avoir le même microprocesseur, le même Basic et d'être relativement compatible pour le logiciel. Malheureusement, à environ 9 000F pièce il s'en vend vraiment très peu. C'est un échec commercial.

Le HP75C offrait pourtant une bonne vitesse de traitement, un intéressant lecteur de cartes sans moteur (l'utilisateur faisant passer lui-même les cartes dans le lecteur) et 16 Ko de mémoire - rien de bien exceptionnel déjà mais une bonne base tout de même.

Le constructeur revoit alors sa copie et propose en 1984 le HP71B, machine bien plus intéressante et surtout (presque) abordable (presque seulement !). Cette machine est bien plus compacte, et propose un mode calculatrice. La mémoire est facilement extensible à 32 Ko voire plus.

Côté calculs et fonctions il faut bien reconnaître que le Basic en général manque un peu de punch : pas de calcul matriciel ni de fonctions spéciales, sauf à ajouter des modules exotiques.

Cet épisode ne laisse pas de souvenirs mémorables à HP, surtout au niveau de son portefeuille, et les machines sont abandonnées assez vite.

Symboliques et graphiques

Pendant deux longues années rien ne se passe et soudain en 1987 arrive le HP28C, qui innove comme calculatrice graphique (ce qui n'est pas totalement nouveau, voir Casio) et surtout par ses possibilités de calcul symbolique.

A cette époque, le système de calcul RPN est déjà sur la défensive face aux Basic. HP réagit, l'étend spectaculairement. Comme le HP28C a trop peu de mémoire en standard, arrive très vite son grand frère le HP28S doté lui de 32 Ko de mémoire et d'un système hiérarchique de variables. C'est une très bonne machine, mais un peu fragile car elle se replie en deux autour d'une charnière un peu douteuse. De même, son écran n'affiche que 4 lignes alors que la concurrence (moins douée certes) en affiche 8.

Pendant que les laboratoires planchent sur la solution à ces problèmes, sortent une nouvelle fois des modèles plus abordables : HP32S et HP42S (1988). La HP32S est l'équivalent moderne des HP25, HP33C et HP11C, avec un ensemble de fonctions très acceptable.

La HP42S, elle, ressemble à un fantasme d'ingénieur car sous des airs de HP32S se cache une compatible HP41 !! C'est fort bizarre, mais dotée de nombreuses fonctions étendues (par exemple les variables nommées, les types de données matrice et complexe, etc) cette machine est très puissante. Certains la tiennent pour la meilleure HP de l'ère post-HP41. Elle ne survivra malheureusement pas à la déferlante des machines graphiques.

 

HP répond aux limitations de la HP28S en livrant en 1990 la HP48SX, qui offre un grand écran, des possibilités (limitées) d'extension, et un langage plus riche. Il est un peu regrettable que la manipulation des expressions symboliques, qui devient totalement graphique, soit en fait plus lente de ce fait que sur la vénérable 28S, mais bon.

En 1993 une version étendue, la HP48GX, offre plus de mémoire, et des menus déroulants à l'écran et autres fenêtres. En fait c'est un peu la même machine, et on sent un certain essoufflement.

Décadence

Depuis la 28S, HP a apporté des améliorations pas seulement de détail mais n'a vraiment sorti qu'une machine originale : la 48SX. La 48GX a été un modèle d'attente, mais cinq ans ont passé et HP s'est un peu trop focalisé sur les PC portables et autres bêtises.

Le géant dort, il n'a plus d'idées. Ah si, en 1995 on voit tout de même la HP38G. Cette pauvre machine donne l'impression d'être terriblement bridée, difficilement programmable avec un langage incompréhensible et limité.

L'écran semble petit, la machine est très lente. L'attente commence : quand HP proposera-t-il une belle machine innovante ?

Que collectionner chez Hewlett Packard ?

Posséder tous les modèles est difficile, mais chez ce constructeur leur nombre reste limité. Hélas, la demande pousse les prix à certaines extrémités peu raisonnables. Inversement certains modèles un peu anciens sont toujours en vente (marqués *). On peut définir quelques niveaux d'exigence pour l'amateur :

 La base  HP25, HP33E, HP12C(*), HP 41C ou HP41CV, HP32SII
 Un peu plus loin  La HP45 ou HP55, HP21, HP67, HP34C, HP28S, HP71B
 Satisfaction  La HP35, HP80, HP65, HP27A, HP11C, HP15C, HP28C, HP75C
 Pour les puristes et les fous  HP29C, HP95C (+ un de rechange !!!), HP10C, HP16C

Quelques points de départ

Des associations actives existent toujours: HPCC, PPC-T...