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Cette machine a été annoncée en 1977 aux USA, en tant que membre le plus modeste de la famille 57 / 58 / 59, les deux dernières étant alors révolutionnaires.
Elle se présentait comme digne successeur des programmables de première génération, telles les SR52 et SR56, et remplissait le créneau des machines abordables, bas de gamme.
La TI57 a été proposée à la vente pour 250 F en 1978, ce qui était remarquablement raisonnable.
La TI57 est la "Ford T" des calculatrices. Abordable, unique mais vendue à un nombre incroyable d'exemplaires, elle était increvable et les miennes fonctionnent toujours comme au premier jour.
Bien que se présentant comme la machine du pauvre, elle recèle une remarquable puissance avec 50 pas de programme partiellement mergés, 7 registres de mémoire acceptant l'arithmétique directe (SUM, PROD...) et tous les tests nécessaires complétés de l'indispensable PAUSE.
La TI57 est l'une des machines qui a été la plus répandue à son époque, la dotant du même fait d'un important groupe d'amateurs, d'une riche logithèque et provoquant sa dissection complète tant logique que physique pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans.
Elle fait partie de la ligne des TI à forme biseautée inaugurée par la SR10. Plus précisément, elle fait partie de la génération "Majestic" (voir à ce sujet le site de Joerg Werner). Le boîtier est donc coulé dans ce plastique dont on a du mal à savoir s'il est effectivement noir ou trop sombre pour ne pas apparaître transparent. Le montage semble simple, voire simpliste, mais il est efficace.
L'afficheur LED à 10 positions affiche toujours 8 chiffres au plus et le signe justifiés à droite, auxquels s'ajoutent dans le mode scientifique 2 chiffres d'exposant. Comme sur la plupart des TI à diodes, les conditions d'erreur sont signalées par le clignotement de l'affichage rempli de "9".
Le clavier est le très-très-très classique ensemble de 50 touches en matrice 5 x 8, ici doté d'un peu de couleur soulignant les touches numériques et les opérateurs arithmétiques de base. Par ailleurs les (très, très aussi) classiques touches [2nd] et [INV] permettent l'accès à un grand nombre de fonctions et leurs inverses. Le point noir de ces claviers a toujours été la fiabilité, les contacts se dégradant à l'usage et nécessitant une pression de plus en plus ferme pour fonctionner, résultant en des doubles contacts. Là encore, mon expérience personnelle pourrait se résumer en "si vous vous comportez comme une brute, vous obtenez un résultat de brute". Les touches sont sérigraphiées, les légendes sont durables et les couleurs des fonctions secondaires visibles sur la face avant sont bien choisies.
Pour allumer la machine, il faut user de l'horrible interrupteur à glissière situé à droite en-dessous de l'affichage. Ce bidule est le seul élément qui me semble vraiment critiquable, étant très dur et donnant une impression d'abîmer l'engin à chaque usage. 25 ans plus tard, cette crainte semble à écarter, mais la sensation reste désagréable.
La TI57 se nourit de l'énergie stockée dans son bloc d'accumulateurs, qui est nécessaire pour une machine à diodes LED, fortes consommatrices de courant. Hormis le chargeur, aucun accessoire ne peut être branché. L'autonomie à pleine charge est de 2 à 3 heures !
(Il faut noter que la TI57 a aussi été clonée pour la firme Radio Shack, grand diffuseur d'électronique aux USA, sous le nom EC-4000. La machine est identique à l'exception du marquage du nom Radio Shack sur la face avant au lieu de TI. Cette machine est relativement rare.)
A l'allumage, la TI57 est vide : sa mémoire n'est pas permanente. Il s'agit de la dernière génération de TI à LED, et au prix public annoncé la mémoire permanente qui venait de sortir n'était pas de mise. Ce défaut n'est pas très important, au vu de la capacité mémoire assez faible.
La machine émet un faible son que je qualifie de "fer à repasser", assez unique.
Toutes les fonctions scientifiques classiques sont présentes, opérant sur 100 décades et avec stockage de 10 chiffres, servies par le système de hiérarchie algébrique AOS usuel. La précision interne est de 11 chiffres, et les fonctions trigonométriques sont limitées à +/- 100 tours.
On dispose de 8 mémoires numérotées de 0 à 7 par un seul chiffre. La mémoire 7 est aussi désignée comme "registre t" car elle sert de second terme pour les tests de comparaison du contenu de l'affichage. On a ainsi les tests "x<=t" et "x=t", et leurs INVerses naturels "x>t" et "x/=t". Le registre t est particulièrement pratique car la touche [x<>t] échange son contenu avec la valeur à l'affichage sans perturber aucunement les calculs en cours. On dispose aussi d'une fonction spéciale [C.t] qui efface juste son contenu, très pratique pour réaliser facilement les tests "x<=0", "x=0", "x>0" et "x/=0" sans multiplier les fonctions.
Les mémoires permettent l'arithmétique directe, c'est-à-dire que l'on peut réaliser une opération entre le contenu d'une des mémoires et l'affichage, et stocker le résultat dans la même mémoire sans affecter le calcul en cours. Les opérations possibles incluent addition, soustraction, multiplication et division. Par exemple pour ajouter le nombre présent à l'affichage dans la mémoire 4, taper [2nd] [SUM] 4.
La mémoire est partagée de façon fixe : 8 mémoires, 50 pas de programmes.
Le style de programmation est "classique", avec basculement en / hors du mode d'enregistrement des programmes par la touche [LRN] et stockage des frappes de touches. Le programme est affiché par le numéro du pas de programme à gauche complété à droite des codes numériques désignant la touche du clavier concernée sous la forme (ligne, colonne). Par exemple, la touche [=] pressée au pas 12 s'affiche : 12 85.
Les facilités d'édition sont excellentes avec le parcours en avant et en arrière, insertion et destruction de pas de programme. On dispose de 50 de ces pas de programme, et le codage des fonctions est partiellement mergé (voir Glossaire), résultant en une capacité comparable à l'ancêtre SR 52 qui disposait de 100 pas.
Les branchements se font par l'instruction GTO, vers des labels (LBL) numérotés de 0 à 9. Les branchements conditionnels sont possibles par l'utilisation des tests évoqués ci-dessus. Deux niveaux de sous-programmes sont disponibles, ce qui était révolutionnaire à ce niveau de prix. On dispose aussi de l'instruction DSZ qui simplifie le comptage de boucles.
L'affichage de résultats intermédiaires est possible par PAU (la Pause) durant 3/4 de seconde, ou par R/S.
La machine est raisonnablement rapide, dans la bonne moyenne de l'époque par rapport aux HP33 ou HP34.
(Informations issues de l'excellent livre "Train-ing with your EC-4000" édité par Radio Shack)
Le "moteur" de la TI57 est un circuit Mosfet à 30 pattes regroupant environ 30000 transistors, cadencé à 1 Mhz, désigné affectueusement comme la "SOAP Bar" (ou "barre de savon"), où SOAP est Serially Organized Arithmetic Processor". En effet tous les déplacements d'information s'y font de façon sérielle.
Sur ce circuit, 8 lignes de sortie scannent les lignes du clavier et servent aussi à piloter les segments des afficheurs "7 segments" (8 avec le point), 12 lignes pilotent chacune un afficheur, et 5 lignes d'entrée servent pour les colonnes du clavier. Ceci donne le schéma suivant :
Le SOAP contient la RAM données et programme, la ROM et 4 registres arthmétiques internes : A, B, C et D.
L'affichage est scanné plus de 200 fois par seconde.
La TI57, qui semble si simple, cache en fait quelques bizarreries et trucs :
Un autre truc permet d'éteindre l'afficheur sans éteindre la machine, réalisant ainsi une "mémoire permanente" : voir l'index des revues de l'époque.
Le statut de grand ancêtre de la TI57 lui a fourni une troupe conséquente de fidèles, et la logithèque est assez conséquente, voire impressionnante, dans la limite de ses possibilités limitées.
Pour en évaluer l'étendue, il est possible de se reporter à l'index des revues de l'époque.