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 Sharp

Sharp, un des pionniers, a été le plus grand et le plus remarquable constructeur de calculatrices du monde pendant l'âge d'or des machines Basic. Aujourd'hui, la gamme ne comporte quasiment plus que deux machines, anciennes, aux capacités de programmation consternantes.

Il est clair que ce domaine d'activité ne figure plus parmi les priorités de la marque, car il est bien certain que les ingénieurs de Sharp peuvent faire beaucoup beaucoup mieux.

Les débuts

Je connais peu de choses sur les premières machines créées par Sharp, il est toujours possible de se référer au LIVRE. Cette marque comme d'autres a commencé par proposer des machines de bureau, originellement 4 opérations. L'évolution des performances a ensuite été plutôt bien suivie par la marque.

Avant le Basic

Avant la révolution Basic, c'est Sharp qui crée les machines qui tracent le chemin évolutif vers ces modèles. Le plus fameux exemple en est la EL5100, qui propose la programmation via un curieux langage maison, le AER. Ce langage se réduit au début à définir des formules du style f(A,B,C)=(A+2*B)/C. La capacité de programmer des boucles conditionnelles imbriquées est ajoutée plus tard, et la capacité mémoire limitée permet tout de même quelques facéties. Le EL5100, hors son langage, propose exactement les mêmes atouts avancés que ses successeurs : un large écran LCD à matrice de points, un clavier en partie alphabétique, un éditeur ligne raisonnable. Il connaît quelques déclinaisons assez rares comme le EL5103 (format vertical), le EL5102 (calculatrice financière), et le EL5150 (plus avancé et 1.5Ko de mémoire).

Curieusement, le langage AER reste disponible sur beaucoup de machines Sharp, y compris sur l'un de leurs tout dernier modèle, le PC-E500S (dans ce dernier cas en fait l'interpréteur AER est lui-même écrit en Basic !). Sans doute faut-il y voir un certain respect dans l'esprit des ingénieurs de la maison.

Le coup de tonnerre fabuleux qui balaye tout sur son passage survient en 1980, avec le premier Basic, signé Sharp.

Le Roi Basic

C'est bien évidemment le PC1211 qui ouvre l'ère triomphale du Basic. Cette machine est matériellement très mature et dispose d'une ergonomie sans aucun reproche, grâce à ses intéressants prédécesseurs : afficheur LCD à matrice de points 5x7 de 24 caractères, clavier excellent, autonomie remarquable. Le langage Basic est souple et plutôt puissant, mais étant un précurseur il est terriblement lent. Les meilleures machines LMS de l'époque, vieillissantes, le dépassent allègrement sur la vitesse pure, d'un facteur 2 à 10 et plus pour certaines. Le PC1211 est aussitôt décliné en PC1210, doté simplement d'un peu moins de mémoire et qui est très rare, et aussi plus tard en PC1212 qui est identique au 1211 au détail près de l'utilisation d'un afficheur LCD à fond gris au lieu de celui à fond jaune de son prédécesseur. Cet écran est sensé plus durable, mais les PC1211 fonctionnent en général toujours aussi bien 20 ans après.

Une émulation se crée entre les Japonais avec l'entrée en lice de Casio avec le FX702P, et de nombreux modèles voient le jour.

La première machine à succéder au PC1211 est le PC1500, dès 1982. Ce modèle progresse sur tous les plans par rapport au PC1211 : son clavier, plus étoffé, offre plus de possibilités dont la capacité de définir 18 touches de fonctions. L'afficheur surtout est révolutionnaire car constitué d'une matrice ininterrompue de points, permettant le graphisme pour lequel des ordres Basic sont disponibles. Il est extensible et sa mémoire peut dépasser les mythique (alors) 16 Ko au moyent d'un module fort cher certes. De nombreux périphériques finissent par être disponibles, dont une table traçante, une tablette tactile, une interface RS232, et d'autres. Enfin, le langage Basic a atteint sa maturité est est devenu remarquablement rapide. Plus tard est proposé le PC1500A, qui est essentiellement un PC1500 à la mémoire de base plus importante (en effet, le PC1500 de base disposait de moins de 2 Ko !).

Sharp mobilise à nouveau tout le talent de ses ingénieurs en 1983 pour offrir le PC1251, qui est un petit bijou de miniaturisation. Ses touches sont incroyablement petites, mais toujours utilisables. Le Basic s'étend mais la vitesse d'exécution est en baisse, même si elle suffit pour dépasser les LMS qui agonisent. Les boîtiers en métal donnent confiance, et la fabrication est toujours irréprochable. La gamme 12xx s'étend de membres disposant de plusieurs lignes d'affichage comme les PC1260 ou PC1261.

En 1983 également apparaît une troisième ligne avec le PC1401. Cette machine, assez limitée en mémoire et surtout en ce qui concerne son affichage de 16 caractères, offre une intéressante nouveauté avec un mode "calculatrice" pour lequel a été ajoutée toute une partie de clavier située au-dessus du pavé numérique, à droite. Dans le mode CALC, cette machine se comporte ainsi comme une calculatrice scientifique algébrique plutôt compétente. Cette idée sera reprise plus tard par TI dans le TI74, et par HP dans le HP71. En effet, au bout de quelques années il est devenu clair que l'écriture des expressions en mode Basic heurte quelque peu les habitudes de la clientèle, qui a été longuement confrontée aux calculatrices scientifiques. L'idée est excellente et apporte réellement une facilité d'utilisation.

La gamme 14xx est encore plus prolifique que celle des 12xx, avec des versions financières, statistiques, puis avec une mémoire étendue, un clavier plus fourni, des fonctions matricielles, etc etc.

Une quatrième famille apparaît en 1984, celle du PC1350. Il offre toujours l'excellent Basic de Sharp, mais pour la première fois son écran comporte plus d'une ligne, il forme d'ailleurs une matrice graphique continue permettant des graphismes remarquables. Une évolution ultérieure sera le PC1360, dont les entrailles assez différentes annoncent des machines futures, mais qui n'apporte pas extérieurement de nouveauté notable.

Au milieu des années 80, Sharp fait donc évoluer simultanément 4 gammes qui comportent de 2 à plus de 10 membres.

Devant le déferlement de machines, voici un tableau -forcément incomplet- des machines Basic de Sharp :

 Année Modèle RAM-max ROM Affichage Extensions (*)
1980 PC1211 1424 ? 24 Imprimante + Interface cassette
  PC1245 2K 24K 16 Imprimante + Interface cassette
1982 PC1500 2K-18K 16K 26 (g) Table traçante + Interface cassette + RS232 + Tablette tactile + ROMs application + Disquettes
    PC1246 2K  24K 16 Imprimante + Interface cassette
  PC1247 4K 24K 16 Imprimante + Interface cassette
1983 PC1251 4K 24K 24  Imprimante + Interface cassette
  PC1260   4K 40K 24 x 2 Imprimante + Interface cassette
    PC1261 10K  40K 24 x 2 Imprimante + Interface cassette
PC1401 4K 40K 16 Imprimante + Interface cassette
  PC1421 4K 40K 16 Imprimante + Interface cassette
1984  PC1262  10K 40K 24 x 2  Imprimante + Interface cassette
   PC1350 3K 40K 24 x 4 (g)

 
PC1360 ? 40K 24 x 4
  PC1402 10K 40K 16 Imprimante + Interface cassette
PC1450 4K 40K 16 Imprimante + Interface cassette
  PC1500A 20K 16K 26 (g) idem PC1500
1985 PC1403 8K 40K 24 Imprimante + Interface cassette
  PC1600 16K 96K 26 x 4 (g) Table traçante + Interface cassette + RS232 + Disquettes + interface A/N ...
1987 PC1280 24 x 2
  PC1425      

 
1990 PCE-500 32K-512K 32 x 4
1992 PC1490      

 
   PCE-220 32K   24 x 4 Connexion PC

En 1985 apparaît la merveille, le summum, le puissant PC1600. Il s'agit d'un croisement des 13xx et 15xx : doté d'un écran graphique de 4 lignes à matrice de points continue, il est basé sur le puissant Z80 mais embarque aussi un second microprocesseur (!!), celui du PC1500, afin d'offrir un mode de compatibilité avec ce dernier ! Le PC1600 est le plus extensible de tous les modèles de Sharp, avec une table traçante pleine page, un lecteur de disquette, une interface analogique-numérique, RS232, etc etc. C'est la machine reine, mais les prix se sont déjà envolés et les ingénieurs ont perdu le contact avec la réalité. Cette machine, réalisation de tous les rêves, ne se vend pas. Une époque se termine.

Pendant ce temps les machines scientifiques de moyen de gamme continuent de faire l'objet de l'intérêt de Sharp.

Fin d'une époque - les graphiques

Un flottement se fait sentir à la fin des années 80 après l'euphorie d'une domination presque sans partage. Vers 1986 Sharp réagit à l'arrivée des machines de type "graphiques", avec la EL5200, suivie en1988 de la EL9000 mieux pourvue en mémoire. Ces modèles adoptent le format portefeuille vertical dont la partie souple abrite un clavier alphabétique permettant la "programmation" en AER. Deux modes sont possibles, l'AER-I qui offre l'ancien langage tout en majuscules, et le nouveau AER-II offrant plus de structures de contrôle. L'écran, qui permet le tracè de fonctions, est encore assez petit et de résolution trop faible.

Vers 1992 apparaît enfin une réponse plus adaptée sous la forme d'un modèle assez original, la EL9300. Il a peu de mémoire pour l'époque, moins de 16 Ko. C'est cependant largement suffisant car la machine est de toutes façons peu utilisable. En effet, la programmation est incroyablement limitée, avec ce qui ressemble à un Basic préhistorique : 10 labels par programme (sans possibilité de sous-programmes), Goto, Input et Print. C'est tout ! Aucune interactivité n'est possible hors la saisie sur une ligne et l'affichage d'un résultat numérique sur la ligne suivante. Les chaînes de caractères ne sont pas traitées. Le Solver ne connaît pratiquement que la méthode de Newton et ne peut être appellé dans un programme. Les calculs sur les nombres complexes sont limités aux quatre opérations... Cependant cette machine est la première au monde à permettre la saisie des expressions mathématiques "comme dans les livres" sous forme de formule. Les barres de fractions s'allongent toutes seules, les exposants sont décalés vers le haut etc. C'est très impressionnant, et la machine est rapide.

Pendant ce temps en 1990 un certain sursaut a eu lieu sur le front du Basic avec le PCE-500, qui est une superbe machine moderne, 4 lignes graphiques, doté d'une mémoire pléthorique extrêmement extensible (jusqu'à 512 Ko), qui propose un système de fichiers en mémoire et embarque une librairie de programmes intéressante. Ce modèle connaît un certain succès commercial. Une déclinaison ultérieure, le PCE-500S, offre diverses extensions Basic, notamment des structures de contrôle de boucles (while / wend). Un autre dérivé est le PCE-220, qui est réellement un autre type de machine, avec un écran à matrices de points séparées et un assembleur Z80 intégré : il s'agit là plutôt d'une machine de bidouilleur (intéressante).

Ensuit n'apparaitra plus que le PC1490, une dernière déclinaison de la ligne des 14xx avec écran de 4 lignes. Elle n'est diffusée qu'au Japon.

Sur le front des graphiques arrivent ensuite vers 1996, les EL9400 et EL9600. Le EL9400 n'est qu'une version bridée de sa grande soeur EL9600, avec moins de fonctions traitant les nombres complexes et pas d'écran tactile. Eh oui, la grande nouveauté est l'écran tactile de la EL9600 (voir banc d'essai). Cette machine est originale, intéressante, mais souffre des mêmes maux que son ancêtre EL9300.

Une version avec un écran LCD amélioré sort bien en 2000, la EL9600C, mais il s'agit de la même machine. Aujourd'hui dans la gamme on trouve bien quelques scientifiques bas de gamme, mais à part cela Sharp, le flamboyant créateur des années 80, semble avoir abandonné la fabrication des calculatrices.

 

Que collectionner chez Sharp ?

Sharp a offert des modèles LED et VFD, puis du début du LCD, puis de l'ère Basic, et enfin des machines graphiques. Ces dernières sont très peu attirantes. Par contre les Basic sont en théorie répandues et la variété est telle que les avoir toutes est un superbe challenge. Il existe aussi quelques machines atypiques qui sont intéressantes. Enfin, les premiers modèles sont rares et collectionnables, mais souvent pauvres en fonctions, ce qui crée un dilemne...

Il est important de savoir que des modèles identiques à leurs homologues de chez Sharp ont été diffusés par la chaîne généraliste américaine "Radio Shack". Elles peuvent être collectionnées en tant que modèles Sharp, leur un peu plus grande rareté relative pouvant leur donner juste un peu plus d'intérêt (bof). Il existe une exception, le PC-2 de Radio Shack, qui est un PC1500 dont la disposition du clavier et de l'affichage sont différents du modèle Sharp. Cette machine est donc plutôt intéressante.

Ce que l'on peut imaginer comme objectifs de collection à divers niveaux (avec un accent porté sur les machines Basic) est :

 La base PC1211 ou PC1251 ou PC1500, EL9600, PC1401 ou PC1403
 Un peu plus loin PC1261, PC1150, PC1403H, PC1450, PCE500S (*)
 Satisfaction PC1500A, EL9000, PC1280, PC1475, PCE220, PC-2
 Pour les puristes et les fous PC1210, PC1600, PC1490, un lecteur de disquette (plus un de rechange)

Quelques points de départ

Sharp ne déchaîne pas les passions parmi les collectionneurs, mais ses machines Basic se vendent vraiment bien. Tout le problème est de trouver un vendeur ! Les seules machines un peu rares chez Sharp sont celles du début (LED, VFD) et les PC1210 et PC1600.